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« Il en coûte au Seigneur de voir mourir les siens. » déclarait le psalmiste dans sa prière.
Mais alors, comment le Seigneur a-t-il pu demander à Abraham de sacrifier son fils, et le texte insiste : son fils Unique ?
Tout d’abord, n’oublions pas cette précision historique. Le texte du récit du Sacrifice d’Isaac a été rédigé autour de l’an 700 avant JC reprenant un évènement qui se serait passé en 1850 toujours avant JC… Cela fait donc longtemps que le Peuple d’Israël a renoncé aux sacrifices humains. Seulement les peuples environnants continuent cette pratique rituelle. Aussi, les descendants d’Abraham sont tentés d’y revenir car ils ne savent plus quoi faire pour se rendre agréable au Seigneur et bénéficier de ses faveurs.
Le mot « sacrifice » signifie étymologiquement « faire sacré » « rendre sacré »
Par là, Abraham (et le texte en effet le nomme Abraham nom donné par le Seigneur comme signe d’Alliance et non Abram son nom Chaldéen) doit se souvenir que son fils est le fils de la Promesse que le Seigneur a scellée avec lui et avec Sarah et leur descendance. Isaac est l’enfant du rire ! Sarah et Abram avaient ri à l’annonce de la naissance de cet enfant car ils étaient avancés en âge)
Il doit donc se rappeler que son enfant, s’il vient bien d’eux (Abram et Sarah) lui a été donné par le Seigneur. Ainsi, aujourd’hui, avec le regard de la Foi, les parents sont invités à reconnaître (entre autres au cours de la célébration de Baptême) que leur enfant à qui ils ont bel et bien donné la vie, le plus souvent par décision de liberté, vient d’au-delà d’eux-mêmes. J’aime demander aux enfants où ils étaient des années avec celle de leur naissance. Ils sont interloqués. J’essaie de leur faire découvrir qu’ils étaient le plus souvent dans le projet de leurs parents mais également et surtout dans le projet de Dieu. « Avant que je fus tissé dans le sein de ma mère, tu me connaissais ! » (psaume 139) dit le psalmiste.
Abraham est donc provoqué à se souvenir qu’Isaac est le fils de l’Alliance. A lui, de le regarder comme « sacré » . A l’offertoire, nous n’aurons à offrir au Seigneur que du pain et du vin, qui d’ailleurs nous sont donnés par le Seigneur, pour les « rendre sacrés » A Abraham d’offrir ce qu’il a reçu du Seigneur, son fils, son fils Unique. En lui, la Promesse va se réaliser. La descendance sera aussi nombreuse que les étoiles du ciel.
« Vraiment, il en coûte au Seigneur de voir mourir les siens. » Le Seigneur n’est jamais du côté du bourreau (sans jamais le condamner) mais de celui de la victime.
Lui seul, s’est offert en sacrifice. Dieu l’a livré en sacrifice, disait St Paul dans la seconde lecture. Le Christ Jésus est mort, certes mais bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous
A Pierre, Jacques et Jean leur est donné d’entrevoir dans une expérience de Foi le véritable visage de ce Jésus de Nazareth qu’ils ont décidé de suivre. Ils peuvent le regarder, le contempler sous cette vision de transfiguration. Mais il leur faut redescendre avec Lui de la montagne pour se plonger à nouveau dans la réalité humaine avec son poids de faiblesses et de péchés et ses élans de cœur.
Dieu a voulu rendre sacrée notre vie humaine. A nous de la regarder comme telle. A nous d’être pleinement responsable de notre environnement, fruit de la Création, fruit de l’Amour du Père. Notre vie nous vient de Dieu, notre Père, veillons à ce quelle soit sacrée. Offrons-nous tout entier, dans un abandon total au Seigneur.
Père Félix Caillet