3ème dimanche de carême-année B
Les textes de ce troisième dimanche de carême sont centrés sur l’évènement de Pâque, la mort et la résurrection de Jésus, comme l’Evangile de dimanche dernier qui, dans l’épisode de la transfiguration de jésus, nous manifestait déjà la lumière pascale à venir.
Je m’arrêterai particulièrement sur le commandement mosaïque de se souvenir du jour du sabbat pour le sanctifier : « Car en 6 jours le Seigneur a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, mais il s’est reposé le 7ème jour. »
Les 6 premiers de la création, relatés dans le début du récit du livre de la Genèse, sont effectivement ouvrages du Dieu Créateur. Analogiquement, nous sommes aussi invités à travailler dans la création durant ces 6 jours. Nous nous souvenons que chaque jour de la création est ponctué du refrain : « Il y eut un soir, il y eut un matin, 1er, 2ème, ….6ème jour. »
Le 7ème jour, Dieu se reposa de son ouvrage et nous ne trouvons pas la mention « soir et de matin » ce dernier jour. Qu’elle peut être la signification de cette mention absente et que signifie le repos de Dieu ? Dieu se reposerait-il, lui qui sans cesse vitalise notre création ?
Bien sûr que non, Dieu est bien au milieu de sa création et de notre humanité, mais il n’est pas que Créateur. Il est aussi, dans son essence, un Dieu hors création, éternel. Dieu existe éternellement, avant que la création ne paraisse et c’est cela dont que le sabbat nous permet de faire mémoire, nous pourrions l’oublier !
Le fait qu’il n’y ait ni soir, ni matin le 7ème jour, nous rappelle que ce jour est un non-jour, un jour éternel. Voilà ce que signifie le repos de Dieu.
Nous sommes donc invités à entrer dans ce repos divin, et vous l’aurez compris, ce repos signifie pour nous vie éternelle. Le rituel du sabbat au 7ème jour, qui, pour nous chrétiens, est parfaitement accompli le 8ème jour par Jésus, rituel dominical où nous faisons mémoire de sa mort et de sa résurrection, est un agir de l’homme qui le fait entrer dans le repos de Dieu. Ce jour là, nous ne travaillons pas, c’est-à-dire que notre corps de travail, notre corps matériel est au repos et ne fait aucun ouvrage. Ne pas travailler est impossible en ce monde, il nous faut au moins respirer pour vivre ! Le travail rituel va donc signifier un agir humain d’un autre ordre, un agir hors création, un agir éternel analogue au repos de Dieu. Que faisons-nous dans un rituel, sinon nous mettre en communication, en communion avec le Dieu éternel.
Le corps qui est au centre de l’action liturgique n’est donc pas notre corps de travail, créé, mais notre corps de résurrection en croissance jusqu’au jour de son achèvement en Dieu qui sera alors pleinement tout en tous.
Au cours de la messe, juste avant de communier au corps et au sang du Christ mort et ressuscité, le prêtre prononce cette parole : « Seigneur Jésus Christ tu as dit à tes apôtres, je vous laisse la paix je vous donne ma paix… ». Prenons conscience qu’à chacune de nos communions, nous entrons dans le repos de Dieu, nous recevons la paix du Christ, par le pain et le vin consacrés, nous communions au corps de résurrection de Jésus qui est repos de Dieu et notre repos, notre propre corps de résurrection, en lui, est nourri et s’éveille…
Nous pouvons mieux comprendre l’attitude de Jésus face aux vendeurs du temple.
Le temple de Jérusalem, dans lequel Jésus et ses disciples se rendent pour la fête de la Pâque, est présence de Dieu au milieu de son peuple. Le Temple manifeste le Dieu non créateur, il est par excellence le lieu de culte, où rituellement nous nous souvenons de l’invitation de Dieu à nous faire entrer dans son repos. Le temple est le lieu des sacrifices et de la prière.
Jésus ne supporte que l’on transforme ce lieu saint en une maison de commerce, il veut signifier ainsi que le temple n’est pas un lieu de travail, comme la halle du marché. Il est le lieu saint et sacré de la manifestation de la transcendance du Dieu éternel qui nous rappelle que nous avons à naître à notre filiation divine. Oui, Jésus parle de la maison de son Père, le temple est le lieu da notre naissance, de notre enfantement hors création.
Voilà pourquoi Jésus répondra aux pharisiens qui lui demandent un signe: « Détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai. » Et l’Evangéliste ajoute : « Le temple dont il parlait, c’était son corps. »
Jésus au moment de sa passion, à l’heure de la croix, va passer de ce monde à son Père, il va passer de son corps de travail à son corps de résurrection, du jour de la création au non-jour de la création qui est éternité. Jésus accomplira parfaitement le sabbat en cette heure.
Moïse disait à son peuple sorti de l’esclavage, de ne faire aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux ou ici-bas sur la terre.
L’idolâtrie, c’est justement prendre la matière, dont notre vie corporelle mondaine fait partie, pour la réalité ultime. C’est fonder notre foi sur la création ou le Dieu créateur uniquement, sans regard vers ce qui transcende la création et son Auteur qui n’est pas que créateur, mais aussi éternel.
Tant que nous nous pensons uniquement dans un corps mortel sans avenir transcendant, nous sommes esclaves dans la création, esclaves de nous-mêmes et de nos idoles, esclaves et non pas libres, c’est-à-dire fils et filles de Dieu, promis à une filiation éternelle reçue de notre Père éternel. Nous n’entrons pas dans le repos du sabbat, dans le repos de Dieu, dans la paix du Christ ressuscité.
C’est la raison pour laquelle Saint Paul, dans l’épitre aux Corinthiens, insistera sur le triomphe de la croix du Christ, en proclamant un Messie crucifié, puissance et sagesse de Dieu.
Oui, Jésus a traversé librement la mort pour nous manifester son corps de résurrection et ainsi notre propre corps de résurrection, que nous restaurons par notre participation au rituel de la prière et de la communion à son Corps Vivant. Voilà la sagesse de Dieu, Le Christ nous sauve de tout esclavage et de toute aliénation au monde créé, il nous libère.
La croix manifeste à jamais notre désir de naître, heureuse faiblesse du corps en ce monde qui, humblement se laisse « crucifier », pour faire paraître peu à peu la lumière céleste de notre corps de résurrection « en travail » d’enfantement.
Les jours de la création, que nous traversons dans notre corps de travail, sont déjà illuminés de la gloire céleste de ce non-jour de notre corps de résurrection, la fête de Pâque qui approche est vraiment passage de la mort à la vie…..
Exode
« Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte, de la maison d’esclavage. »
« Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi. Tu ne feras aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou ici-bas sur la terre. »
« Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier. Pendant 6 jours tu feras ton ouvrage ; mais le 7ème jour est le jour du repos…tu ne feras aucun ouvrage…Car en 6 jours le Seigneur a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, mais il s’est reposé le 7ème jour. «
« Tu ne convoiteras pas ce qui appartient à ton prochain».
Contexte de la loi dans de le contexte de l’agir libérateur de Dieu.
D’esclaves, il fait des êtes libres, et pour qu’ils le restent, il leur propose des règles de vie.
Personne n’est exclu du repos de Dieu, ni les proches ni les étrangers.
Idolâtrie=c’est prendre la matière pour la réalité ultime : puni de lapidation dans la Bible !
1ère Corinthiens
« Les juifs réclament des signes miraculeux, les grecs recherchent une sagesse. Nous nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les juifs, folie pour les nations païennes. Mais pour ceux que Dieu appelle, ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes. »
Saint Paul attribue son appel à la rencontre avec le Seigneur ressuscité.
Pour Paul, la croix est au centre de l’Evangile de Dieu.
La parole de la croix tient dans l’affirmation que Dieu se manifeste en Jésus mort sur la croix. Elle signifie que Dieu se reconnaît en celui qui a vécut jusqu’au bout son engagement pour les petits et les exclus.
Dans le Deutéronome, l’homme pendu au gibet est un maudit de Dieu.
Pour les juifs et grecs, Dieu ne peut se trouver que dans l’extraordinaire, la toute puissance, dans les raisonnements ou dans les discours rationnels.
Saint Jean
Jésus chassa du temple les marchands. « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de mon Père une maison de commerce. »
« Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? »
« Détruisez ce sanctuaire et en 3 jours, je le relèverai. » Mais lui parlait du sanctuaire de son corps.
A Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu’il accomplissait.
Mais Jésus ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous et n’avait besoin d’aucun témoignage ; lui-même connaissait ce qu’il y a dans l’homme.
L’épisode des marchands du temple est au début de l’Evangile de Jean, dans les synoptiques, il provoque l’arrestation de Jésus.
Le temple, la maison de Dieu, est le lieu symbolique de la présence de Dieu au milieu de son peuple.
« La maison de mon Père »
Les disciples ne comprennent la parole et les actes de Jésus « Détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai » qu’après sa mort et sa résurrection de Jésus. De même pour la transfiguration.
Dieu est présent en Jésus comme il l’était dans le temple.
Il ne faut pas se tromper d’interprétation des signes. La crois peut être lue comme un signe d’échec ou un signe ou de réussite.
Père Eric JURETIG